On ne s’y attendait pas
autant que, l’an dernier, la baisse de l’âge du départ en retraite mais
l’affaire est désormais dans les cartons : l’abaissement de la vitesse sur
nos routes à 80 km/h là où elle est aujourd’hui limitée à 90 km/h, comme il
ressort d’un pré-rapport d’experts du Comité national de la sécurité routière
(CNSR). Selon cette instance qui a vocation à faire des propositions, le gain
d’une telle mesure serait 450 vies humaines par an au bas mot.
Le ton avait été donné
par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui s’était déjà prononcé en ce
sens. La pression des lobbies anti-automobiles, Mme Perrichon en
tête, et le politiquement correct ont fait le reste.
Epargner des vies
humaines, qui pourrait vraiment s’inscrire en faux contre un tel objectif ?
Mais le problème n’a jamais celui de la finalité mais bien celui de la
stratégie. Une fois encore, les pouvoirs publics de ce pays – sans doute la
droite au pouvoir aurait-elle à peu près la même attitude que la gauche – ont
choisi la solution de facilité qui frise la démagogie.
D’abord, on aimerait
vraiment savoir par quel calcul savant on parvient à un tel chiffre de vies
épargnées. Le comble de la bureaucratie, et Kafka l’avait bien suggéré en son
temps, est atteint lorsque les fonctionnaires prétendent jongler avec les
formules soi-disant mathématiques et en arrivent à des comptes fabuleux.
Ensuite et surtout le
vrai problème n’est pas là car on persiste dans l’erreur de la cible. On le
sait bien, l’alcool au volant représente de nos jours le fléau majeur. C’est le
secteur où il faut faire porter l’essentiel de l’effort de prévention. Il
existe également d’autres facteurs d’accident tels que la somnolence au volant.
Il n’y a pas si longtemps encore, on pouvait lire sur les panneaux de nos
autoroutes : « Somnolence, première cause d’accident ». Entendons :
la somnolence et non pas la vitesse, cette tarte à la crème dont l’invocation à
tout bout de champ en devient fastidieuse.
Mais gageons que cela
ne suffira pas à Mme Perrichon qui, d’ores et déjà, en appelle à un pas supplémentaire
en soutenant que « le vrai courage, ce serait une baisse de 10 km/h sur
l’ensemble du réseau ». Traduisons : 120 km/h sur les autoroutes et,
par exemple, une limitation à 20 km/h là où elle est aujourd’hui de 30 …
Le vrai courage serait
au contraire de sortir de la démagogie et de regarder les pays européens autour
de nous, qui ne sont ni plus sots ni plus inconscients que nous ne le sommes.
Le temps n’est plus si
éloigné où les vélos voire les piétons dépasseront les voitures. Est-ce le but recherché ?
Cherche-t-on à couler purement et simplement une industrie automobile nationale
déjà sinistrée ? Considère-t-on une fois pour toutes que les gens empruntent
leur véhicule uniquement à des fins de loisirs ?
En attendant, on peut
s’attendre avec une telle mesure, si elle est entérinée comme il est probable,
à une augmentation sensible des recettes de l’Etat en infractions routières
pour « excès de vitesse ». Plus de contraventions, des procédures d’appel
devenues ridicules tant elles sont faites pour dissuader toute contestation –
au nom de l’encombrement des tribunaux, cela va de soi. Il est probable
également que les automobilistes surpris à 125 km/h sur autoroute seront tenus
pour des chauffards. Ce qui ne saurait être le cas, bien sûr, du directeur de
l’ATAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions), ce fameux préfet qui continuera à faire payer
les contraventions de son véhicule de fonction par le contribuable.