L'Etat est plus que jamais obsédé par la vitesse au volant, seule cause à ses yeux de tous les maux routier. Quitte à en devenir franchement absurde
L’Etat ne parvient pas
toujours à éviter l’absurde, c’est le moins qu’on puisse dire. Surtout lorsqu’il
se met en tête de réprimer aveuglément et, parfois même, au mépris de certaines
libertés que nous offre la Constitution. Le ministre de l’intérieur ne vient-il
pas d’établir, sans rire, un parallèle entre la lutte contre la délinquance
routière et … la lutte contre le terrorisme ? La sécurité, soit. Mais l’outrance
répressive, certainement non, tant il est avéré que le mieux est l’ennemi du
bien.
En matière de
circulation routière et de droit routier, c’est un fait : plus les
automobilistes entendent se protéger, au moyen de boucliers plus ou moins
efficaces d’ailleurs, et plus les pouvoirs publics affûtent leurs épées en
rétorsion. Il s’agit là d’une guerre d’usure, « d’attrition »
diraient les Anciens, sans cesse renouvelée au gré des mesures et
contre-mesures.
Qui ne se souvient,
hier encore, de la guerre picrocholine qui opposa les pouvoirs publics à ceux
qui entendaient se doter de dispositifs de détection des radars de vitesse ?
L’Etat avait alors employé l’arme nucléaire pour réprimer ce genre d’infraction,
à savoir l’article R. 413-15 du Code de la route punissant indistinctement d’une
contravention de 5ème classe la mise en vente, la simple détention,
de même que l’usage ou le transport des appareils destinés à perturber le
fonctionnement des appareils de contrôle de la vitesse. Bien sûr, la
jurisprudence a fait des variations sur la portée de cet article, selon que les
appareils incriminés visaient manifestement à détecter ou à perturber les
dispositifs de contrôle ou selon que ces mêmes appareils jouaient un rôle
objectif d’« avertisseurs de radars » ou d’aide à la conduite par l’information
du conducteur.
Désormais, avec le
développement des technologies, le débat s’est prolongé sur le terrain des
réseaux sociaux qui peuvent tout aussi objectivement avoir une fonction d’avertisseur
en temps réel, tout en permettant de surcroît une interactivité bénéfique au
contrevenant. Les pouvoirs publics sont donc repartis à l’assaut, compte tenu
toutefois de ce que le morceau était cette fois beaucoup plus difficile à
avaler. Les tribunaux, notamment le tribunal correctionnel de Rodez, a
donné raison à l’Etat en considérant, dans un jugement du 3 décembre 2014, que
le fait d’informer les autres usagers de la route de la présence de radars et
des contrôles de police, en utilisant un réseau social, constituait une
infraction à la loi pénale.
Soit mais alors pourquoi
ce même tribunal s’est donné le ridicule de relaxer de ce chef de prévention
les membres d’une page locale opportunément intitulée « Le groupe qui te
dit où est la police en Aveyron » ?
Quoiqu’il en soit, l’affaire
de Rodez se trouve aujourd’hui en appel devant la Cour d’appel de Montpellier. Dans
quel sens jugera la Cour ? Nul ne le sait encore. Et pendant ce temps, contrairement à ce que
croient beaucoup de conducteurs, le fait d’avertir par des appels de phare appropriés le véhicule circulant en sens inverse de la
présence imminente des forces de l’ordre, ne constitue pas une infraction.
Logique, logique …