Beaucoup de mesures communales
en matière de stationnement illicite sont irrégulières. Même si l’Etat en
rajoute avec ses projets de dépénalisation, la nécessaire contestation reste encore
possible.
Davantage encore que
pour les autres catégories d’infractions routières, l’automobiliste éprouve un
sentiment d’injustice voire d’arbitraire en ce qui concerne la verbalisation
pour stationnement illicite.
J’ai déjà abordé cette
anomalie, pour m’en tenir à un mode mineur, que représentent les « recommandations »
d’indulgence de certains édiles en période électorale vis-à-vis du stationnement
illégal. Certains maires en prendraient-ils à leur aise ? Plutôt, oui.
L’Automobile Club des
Avocats (ACA) vient ainsi de faire annuler par la justice dans une commune des
Yvelines les modalités de fixation des tarifs de stationnement : le conseil
municipal de la commune en question avait ainsi accordé à son maire la
possibilité de fixer, sans limite de montant, les tarifs des droits de
stationnement.
Problème : une
telle délégation présentait un caractère général et absolu, ce qui est tout à
fait illégal. Il est à parier que ce cas n’est pas unique à l’échelle de nos
36 000 communes. Il incombe à l’avocat de débusquer ces irrégularités.
Sait-on par ailleurs
que le « non-affichage du ticket horodateur » sur le pare-brise de
son véhicule ne prouve pas qu’on ne s’est pas acquitté de la redevance et ne
constitue donc pas une infraction au sens des textes applicables ? Cela
n’empêche nullement les agents municipaux d’invoquer ce motif pour verbaliser,
en toute illégalité. Mais cela ne devrait pas empêcher non plus les
automobilistes de contester devant la justice ce genre de pratique peu
soucieuse des règles de droit.
Sait-on également que
les arrêtés municipaux instituant les zones payantes doivent être dûment
motivés ? Il s’agit là de la simple application des dispositions du Code général
des collectivités territoriales. Combien d’arrêtés de ce type négligent cependant
ce genre de précision !
La loi et la
réglementation sont impitoyables envers les conducteurs. Elles doivent l’être
tout aussi bien, dans un Etat de droit, envers les autorités chargées de
sanctionner. Or, celles-ci sont de moins en moins inclines à faire preuve de
transparence et encore moins à consentir aux automobilistes le pouvoir de se
défendre. Dernier exemple en date : la dépénalisation, à l’horizon de 2017,
des PV de stationnement. Le contentieux qui s’y rattache relèvera désormais de
juridictions administratives dont on sait qu’elles sont déjà passablement
encombrées et tentées de recourir à des procédures expéditives. Comment ne pas
voir que le droit administratif restreint singulièrement le champ de la
contestation ? Il instaure, en effet, un délai de contestation
contraignant alors même que l’identification de l’irrégularité
administrative s’avère souvent longue et difficile.
En tout cas, il y a d’autant
plus matière à inquiétude que cette mesure de dépénalisation devrait s’accompagner
d’autres mesures comme la fin du tarif unique à 17 euros de l’amende de
stationnement. Chaque commune aura ainsi totale latitude de fixer le montant de
la sanction – dans la limite du montant journalier de stationnement - pour stationnement
illicite. Comme les sommes provenant de ces amendes alimenteront directement
les caisses des communes, on peut s’attendre à des méthodes municipales
d’autant plus frustes qu’elles auront été déléguées, dans nombre de cas, à des
organismes privés pour lesquelles le respect scrupuleux des réglementations
n’aura pas la moindre importance face à l’exigence de rentabilité.
Opacité, méthodes
brutales, tentation de limiter les droits de contestation seront à la clef de
ce nouveau « progrès ». Raison de plus pour que l’automobiliste insiste
pour faire légitimement valoir ses droits dans leur plénitude. Qu’on se
rassure : il ne sera jamais aussi procédurier que les pouvoirs
publics !