La
répression envers les infractions routières urbaines s’assouplit
miraculeusement en période électorale. Ce soi-disant fléau ne serait-il qu’un
prétexte ?
Il nous a tellement été
asséné que nos centre-ville étaient asphyxiés à cause des automobiles et que
les conducteurs étaient de mauvais citoyens insoucieux de l’environnement qu’on
a fini par le croire. Seulement voilà : cette vérité universelle cesse de
l’être, comme par miracle, durant les périodes électorales.
Dans certaines
agglomérations, on a pu constater en effet quelque relâchement dans des
contrôles qui s’exerçaient jusque-là avec une sévérité tatillonne au nom de
l’intérêt général. Pour tout dire, à la veille des dernières élections
municipales, des consignes ont été données discrètement par les édiles de
plusieurs dizaines de communes à leurs forces de police de se montrer plus
souples envers les contrevenants. Près d’une cinquantaine de cas auraient ainsi
été répertoriés sur les 3 600 polices municipales que compte notre
territoire. Une telle observation a été confortée par des témoignages qui sont
remontés jusqu’aux services du Défenseur des droits.
Il n’est pas si facile
de modifier du jour au lendemain des comportements dûment encouragés et formatés au fil des années comme des
dispositifs répressifs. Aussi des fonctionnaires de police ont-ils trouvé à se
plaindre d’une telle mansuétude plutôt inattendue. Et ce, d’autant plus que
cette mansuétude a pris généralement la forme de consignes orales, bien sûr, quoique
parfois avec une insistance marquée.
Ces pratiques chafouines
ont beau être considérées comme graves par la présidente de la Ligue contre les
violences routières, Mme Chantal Perrichon, il ne faut pas être naïf. On peut
tout à fait comprendre l’angoisse de tel ou tel maire sortant en train de jouer
sa réélection. Ne pas indisposer l’automobiliste est en temps habituel le cadet
de ses soucis. Mais tout change lorsque se profile la perspective du scrutin
tant il est vrai que l’automobiliste est aussi un électeur. Il s’agira alors
pour le maire de conseiller à ses agents municipaux de « sanctionner avec
discernement » sinon de fermer carrément les yeux sur une
infraction : et pas seulement l’infraction de stationnement, d’ailleurs, car
la police municipale est habiliter à sanctionner pratiquement toutes les
infractions routières.
Serait-ce à dire, au
passage, que les agents municipaux d’habitude ne sanctionneraient pas avec
discernement ? En tout cas, on ne pourra que relativiser les accusations
sempiternelles et absolues qu’on prononce contre l’automobile, accusée de tous
les maux urbains. En clair, la voiture dans nos villes est un fléau quand
celui-ci peut être combattu sans risque.
On se frottera les
mains, du côté de l’Etat comme des collectivités locales, en encaissant le
produit sans cesse croissant des amendes routières et notamment celles de
stationnement : au nom de la sécurité publique, du décongestionnement des
agglomérations, du droit des piétons voire des bons sentiments. Et ce, alors
même que les élus peuvent ignorer tranquillement les protestations de leurs
administrés, ces conducteurs exaspérés par les harcèlements répressifs. En
revanche, ces impératifs perdent singulièrement de leur consistance à la veille
d’un scrutin. Faut-il en déduire qu’ils ne sont que des prétextes commodes ou simple
affaire de circonstance ? Poser la question revient à y répondre.
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