La drogue est en train de devenir un véritable fléau sur nos routes. Il est étrange que nos pouvoirs publics s'abstiennent de le dénoncer.
Pourquoi n’en
parle-t-on que rarement ? Pourquoi, quand ils évoquent la délinquance
routière, les pouvoirs publics dans un réflexe pavlovien continuent-ils de ne
condamner que la vitesse au volant ?
Le fait est là : de
plus en plus d’automobilistes conduisent aujourd’hui sous l’emprise de
stupéfiants. Leur nombre ? On ne le connaît pas avec précision et d’ailleurs,
les statistiques officielles le sous-estiment à peu près systématiquement. Pourtant,
on sait déjà qu’en 2012, 531 personnes ont perdu la vie alors qu’au moins un
des conducteurs en cause présentait un test positif aux stupéfiants. Et encore
ce chiffre est loin de représenter la réalité, dans la mesure où, pour près de
4 accidents mortels sur 10, on n’enregistre pas le résultat toxicologique. A l’heure
actuelle, selon l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité
routière) la drogue serait impliquée dans 21% des accidents mortels sur nos
routes : un sur cinq !
Alors pourquoi faire le
black-out sur la question ? Certains allègueront un déficit objectif
de connaissance joint à la difficulté des analyses, par comparaison avec l’alcool
qui est plus aisé à dépister. En outre, les tests de recherche des stupéfiants reviennent
fort cher. Pratiqué au bord de la route, le test salivaire revient à 12 euros l’unité
et il faut y ajouter les frais d’analyse. En cas de test positif, une prise de
sang est obligatoire pour vérifier le premier résultat. On parle d’analyses
toxicologiques dont le coût maximal avoisinerait les 450 euros ! Il est
vrai que le coût pour la société serait élevé. Mais ne nous a-t-on pas
suffisamment asséné sur d’autres dossiers que la santé, a fortiori la vie, n’a
pas de prix ? Sans compter, d’ailleurs, que ces coûts seraient non pas à
la charge de la société mais du conducteur s’il s’avérait fautif … du moins quand il
peut payer.
Là se situe en réalité
le nœud du problème. En effet, la drogue majoritairement identifiée dans ces
contrôles (en fait, dans 9 cas sur 10 !) est le cannabis dont les jeunes, a
priori les moins solvables financièrement, sont les plus gros consommateurs. Alors,
faut-il montrer les jeunes du doigt, sans même employer certains mots convenus
de notre nov’langue comme « stigmatisation » ?
On comprend bien que le
pouvoir socialiste, dont la jeunesse est un des fonds de commerce politique,
puisse hésiter. On le comprend d’autant mieux à la lumière des efforts
répétés de ce même pouvoir en vue de banaliser l’usage du cannabis : il n'est que de
se rappeler les tentatives de l’ancien ministre de l’Education Vincent Peillon
afin de laisser entrer le cannabis en toute impunité dans nos lycées et collèges ;
il en va également ainsi d’autres tentatives, émanant celles-là de l’ancien
maire de Paris Bertrand Delanoë et visant à instituer des « salles de
shoot » dans notre capitale. Et si ces gens-là, après s’être shootés, s'avisaient de prendre le volant ?
Nos bons esprits se sont-ils seulement posé la question ? Mais non, tout
cela n’est que broutille. Il vaut mieux s’en prendre aux excès de vitesse (d’ailleurs
commis en partie par les consommateurs de drogue) ou à l’alcool qui est si
ringarde. La drogue, elle, c’est la jeunesse, c’est sympa, c’est surtout
politiquement correct. Donc on n’y touche pas et surtout, on n’en parle pas. Il
est significatif que les bilans de l’ONISR s’abstiennent de préciser le détail
des types de stupéfiants détectés sur nos routes.
Certes, le cannabis n’est
pas la seule drogue en cause, la cocaïne causant aussi de nos jours des ravages
redoutables. Et ce, d’autant plus que si la consommation de cannabis double le
risque d’être responsable d’un accident mortel, la prise de cocaïne multiplie quant
à elle ce risque par huit … et qu’accessoirement, les prix de la cocaïne ont
dramatiquement chuté au cours de ces dernières années. De récents accidents
commis par des chauffeurs routiers sous l’emprise de la cocaïne ont mis en
lumière le fait que ce type de drogue est consommé aujourd’hui par des milieux
très diversifiés qui le tiennent pour un produit dopant (à l’instar des
amphétamines, par exemple).
Il est donc grand temps
que les pouvoirs publics se saisissent du problème de la drogue au volant dans toutes ses dimensions
et surtout, se gardent de le considérer d’un point de vue essentiellement
idéologique quand ce n’est pas électoraliste. Après tout, sauf erreur ou
omission, la consommation de drogue reste toujours sanctionnée par notre Code
pénal.
La drogue est un fléau
galopant, y compris sur nos routes. Ne pas voir ce phénomène ou le minorer est
déjà irresponsable. L’encourager revient à s’en rendre complice. Hélas, nos
parlementaires sont déjà trop occupés … à faire voter la réforme dite de « désarmement
pénal » souhaitée par Mme Taubira ou à satisfaire le fantasme de Mme
Vallaud-Belkacem d’instaurer des sanctions contre les clients de prostituées.
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