mercredi 19 juin 2013

Contester une majoration d’amende


L’affaire n’est plus seulement anecdotique. Hier encore marginale, elle était racontée par ses victimes de la façon, effarée et incrédule, dont on raconte les histoires de fous. Aujourd’hui, miracle de l’automatisation, elle se démultiplie au point de soulever un vrai problème. Suivant une statistique raisonnable, tout automobiliste sera confronté tôt ou tard à ce problème, à supposer qu’il ne l’ait déjà été.

Un robuste esprit populaire lie la sanction routière à la délivrance d’un document spécifique – procès-verbal ou avis de contravention, ce qu’on appelait trivialement jadis un « papillon » ou une « contredanse » - entre les mains du fautif ou supposé tel. Ce n’est plus vrai désormais, même en matière de contravention de stationnement. On n’arrête plus le progrès : en vertu de l’automatisation galopante dont disposent désormais contractuels et autres préposés, le contrevenant voit apposer sur son pare-brise un petit bout de papier, à peine plus gros qu’un timbre-poste, l’avertissant qu’il fait l’objet d’une contravention pour stationnement illicite. 

Pour le « contrôle automatisé » (en d’autres termes, les « radars »), le processus est encore plus opaque puisqu’il se déroule à l’insu de l’automobiliste : le déclenchement du flash met en œuvre, quasiment en temps réel, la chaîne de sanction qui aboutit à l’expédition à l’intéressé d’un avis de contravention. Là se situe précisément le problème dans la mesure où il advient de plus en plus fréquemment que le contrevenant ne reçoit jamais ledit avis de contravention lequel lui revient inévitablement sous une forme majorée voire sous celle d’un commandement à payer, stade ultime avant l’intervention de l’huissier.

Compte tenu de leur multiplicité, les situations varient d’un cas à l’autre. En cas de changement d’adresse postale, il incombe à l’intéressé de le signaler ou, à tout le moins, de faire suivre son courrier. Il peut cependant arriver que la situation administrative de l’intéressé demeure inchangée mais qu’il ne reçoive pas pour autant l’avis de contravention.

Précisons qu’il est vain de s’en prendre à une prétendue « mauvaise foi » de l’administration qui n’expédierait pas à dessein les avis de contravention initiaux afin d’imposer au conducteur fautif une majoration. Le soupçon est d’autant plus inepte que l’automatisation susdite présente peut-être des défauts mais il faut lui rendre une justice : elle est rétive à tout état d’âme comme à de mauvais sentiment mal placé envers tel ou tel conducteur en particulier. Plus crédible est l’accusation récurrente d’un mauvais fonctionnement des services postaux qui égarerait à l’occasion certains courriers. Plus crédible car le cas se présente de plus en plus souvent : correspondances ou colis non parvenus, ou d’une manière anormalement tardive, à destination.

Quel que soit le cas de figure demeure pour le contrevenant qui s’estime lésé la faculté de contester : tant en ce qui concerne le bien-fondé de l’infraction reprochée, bien sûr, que la majoration de contravention éventuelle dont celle-ci peut faire l’objet. La contestation doit alors être portée, selon la disposition prévue à cet effet et figurant sur le document de contravention, entre les mains de l’Officier du ministère public (OMP).

En tout état de cause et quel que soit le motif d’un rejet éventuel par l’OMP voire de menaces dissuasives y afférentes, il appartiendra toujours en dernier ressort à l’administration de prouver qu’elle a bien expédié le document en cause et que l’intéressé l’a dûment réceptionné. En effet, en avalisant l’instauration du contrôle automatisé, le législateur a souhaité à juste titre accorder à l’automobiliste des garanties substantielles en matière d’information dont la plus élémentaire est l’existence d’une contravention dirigée contre lui.

Le plus souvent, dans la pratique, les automobilistes pestent … tout en finissant par capituler, en désespoir de cause, de crainte de s’exposer à de plus graves ennuis. C’est d’ailleurs ce sur quoi compte l’administration. Mais il existe toujours, pour ceux qui entendent persévérer à faire valoir leur bonne foi, une voie juridictionnelle dont il n’est pas dit qu’elle soit perdante à tout coup.

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