mardi 26 février 2013

Les infortunes de la vertu

Celle-là, on ne nous l’avait pas encore fait mais il fallait s’y attendre. Un gouvernement qui entend faire le bonheur des gens malgré eux et qui n’a pas abdiqué son ambition plus que trentenaire de « changer la vie » ne pouvait manquer d’édicter un jour des règles morales sur le bien ou le mal, la vertu ou le vice.

On connaissait déjà l’expression de « patrons voyous », sous-entendant ainsi en creux que les employés ne peuvent être que vertueux. On savait qu’il y avait de « bons » et de « mauvais » conducteurs. Voici à présent que la ministre de l’écologie s’est mise en tête de faire la distinction entre les « véhicules vertueux » et les autres. Le prétexte en est les pics de pollution qui seraient tellement alarmants, dans certains cas, qu’il faudrait réserver exclusivement la circulation aux véhicules de police, ambulances et autres véhicules habituellement regardés par le Code de la route comme prioritaires. Il va de soi qu’il faudrait également privilégier les véhicules électriques.

La trouvaille est révélatrice de cette idéologie socialiste ubuesque dont la mairie de Paris offre, depuis des années, un exemple saisissant. Est-ce à dire qu’un véhicule non classé dans la catégorie « vertueuse » – les véhicules de particuliers, par exemple – seraient-ils pour autant des véhicules « pervers », vicieux » ou « voyous » ?

Il subsiste une dimension de bon sens que nos gouvernants ne sont pas prêts à admettre : la plupart de ceux qui empruntent leur voiture particulière le font pour des raisons essentiellement professionnelles et n’ont pas d’autre choix. Ces gens-là ne sont pas des voyous, des inconscients ou des mauvais citoyens mais des gens qui travaillent tout simplement. S’ils polluent l’atmosphère dans une ville comme Paris, notamment, c’est largement en raison des aménagements urbains démentiels décidés par M. Delanoë, qui ont pour but de perturber la circulation automobile en vue de la supprimer totalement.

Une fois de plus, ce sont les automobilistes urbains qui en subiront les conséquences diverses. Mais ces automobilistes-là ont-ils jamais intéressé des pouvoirs publics qui préfèrent de loin les piétons, les vélos et les loisirs ?

En attendant, ce ne sont pas Mme Batho et ses semblables du gouvernement qui devraient être gênés par une telle mesure. Comme chacun sait, leurs véhicules sont par définition vertueux…même s’il arrive à leurs chauffeurs de prendre ici ou là quelques libertés avec le Code de la route. En toute impunité, bien sûr.

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