mardi 26 février 2013

Démence urbaine


Ce qui est malheureusement en train de se passer à Paris donne une idée précise de ce qui pourrait advenir à l’échelle de la France toute entière si, d’aventure, les écologistes devaient devenir encore plus influents qu’ils ne sont déjà. On assiste aujourd’hui dans la capitale au triomphe – provisoire, il faut l’espérer – d’une idéologie aussi fruste que passéiste sur les réalités urbaines d’une métropole moderne.
Tout le monde en convient volontiers : toutes les grandes cités connaissent des problèmes de circulation automobile et d’engorgement. Toutes réfléchissent, se concertent, expérimentent des solutions afin de tenter de remédier à un problème authentique. Toutes … sauf Paris dont la municipalité actuelle, taraudée insidieusement par les Verts à l’exemple des bons sous-marins trotskystes de jadis, est arrivée aux commandes forte d’une vérité révélée.

Des solutions ? L’équipe Delanoë n’en a jamais eu véritablement. Tel n’était pas son projet. En revanche, elle multipliés les présupposés et les idées reçues en fonction d’une obsession : livrer une croisade implacable contre l’automobile. Qu’on ne s’y trompe pas : dans cette affaire, la régulation ou la fluidification de la circulation dans Paris intra muros n’était qu’un prétexte. Il s’agissait en fait d’un règlement de comptes en bonne et due forme. Il s’agissait de casser systématiquement la circulation automobile, voire « bouffer de l’automobiliste » au passage en le faisant passer pour un chauffard, un irresponsable ou un mauvais citoyen.

Certes, le politiquement correct irait plutôt dans ce sens mais là, trop c’est trop ! Car les mesures que multiplient nos édiles impavides face à la révolte qui commence à gronder dans les rues sont un défi au bon sens. Demandons aux Parisiens ce qu’ils pensent de ces ubuesques réaménagements des boulevards Magenta, Saint-Marcel ou du Montparnasse auxquels aucun correctif n’a été apporté en dépit des protestations générales des professionnels comme des riverains : tant il est vrai que cette équipe municipale est convaincue de détenir la vérité et de pouvoir atteindre la perfection du premier coup. Les protestataires seraient-ils majoritaires ? Ils ne valent pas grand chose de toute façon, face à cette minorité forcément éclairée qui cherche à faire le bonheur du peuple malgré lui.

Demandons également aux usagers ce qu’ils pensent du quasi blocage actuel de la voie sur berge rive droite en attendant la fermeture pure et simple d’une portion significative de la voie rive gauche. Nos édiles qui se disent pourtant de gauche pourraient pourtant comprendre que faciliter la vie des gens qui travaillent est au moins aussi important que multiplier les agréments au profit exclusif de ceux qui cherchent à se distraire. Ils pourraient pourtant comprendre qu’en ces temps de crise et de restrictions, le fameux slogan de leurs amis «Paris est une fête » n’est plus forcément de saison. Sans compter que le statut de capitale exclusivement  festive ôte à Paris toute ambition de devenir une véritable capitale économique et financière à l’égal de Londres. Accessoirement, ils pourraient également comprendre qu’une voiture pollue davantage à 10 km/h qu’à 50 km/h …

Il est vrai qu’ils n’auraient aucune chance, en revanche, de comprendre ce qu’est une vision cohérente de l’avenir qu’une grande ville moderne est en droit d’attendre. N’est pas Haussmann qui veut ! Ils ne peuvent le comprendre car ils restent cantonnés à une conception archaïque de la société. Ils se réjouissent ainsi de la généralisation systématique du vélo (pour les autres évidemment mais pas pour eux-mêmes …) au risque de transformer Paris en Pékin des années 50 ! Ils se réjouissent de la disparition de 23 000 places de stationnement en dix ans alors qu’il en faudrait en décupler le nombre, ne serait-ce qu’aux portes de la ville.

Décongestionner la cité est le cadet de leurs soucis. L’essentiel reste bien cette guerre acharnée contre l’« ennemi intérieur ». Il y a peu de chances qu’elle baisse d’intensité. En effet, si les écologistes se retrouvent, comme c’est fort probable, cocufiés par leurs alliés socialistes sur les grands dossiers nationaux, il faudra bien leur laisser quelques os à ronger …

La justice dira bientôt si cette chasse aux sorcières est légale. En attendant, cette dernière n’est pas à la hauteur d’un pays comme le nôtre où l’on s’efforce de broyer les quatre-roues en faisant mine de s’apitoyer, avec une tartufferie consommée, sur le sort de notre industrie automobile aujourd’hui en péril …

L’indignation ne suffira sans doute pas. C’est pourquoi a d’ores et déjà vu le jour une association spécifique, l’ADAF (Association de Défense des usagers de l’automobile contre la fermeture des voies sur berge de la Seine à Paris / www.paris-voiessurberges.fr) dont l’objet est précisément de lutter contre cette démence municipale. En partenariat avec l’Automobile Club des Avocats, l’ADAF a vocation à utiliser toutes les voies de recours juridictionnelles ainsi que tous les vecteurs médiatiques appropriés afin de faire entendre la voix de la raison. Rien n’est irréversible. Il est encore temps !

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