mardi 26 février 2013

Mortalité routière : quand on fait parler les statistiques…



Les administratifs se mettraient-ils à copier les politiques ? Pour éviter certaines questions gênantes, on sait que ces derniers ont une formule toute prête : « les Français ont plutôt envie qu’on leur parle de … » Comme s’ils savaient d’avance, mieux que les autres et de façon infaillible de quoi le peuple a envie qu’on lui parle. Il en va de même, à présent, pour la sécurité routière qui a des formules toutes faites pour expliquer les évolutions de la mortalité routière.

Dernier exemple en date : les chiffres de la mortalité routière pour juillet 2011 qui marquent une baisse de 21%. 358 morts en moins ! Une baisse historique jamais enregistrée depuis 55 ans. Double explication de nos fameux experts : cette période a donné lieu a une mobilisation particulière des forces de l’ordre. Ah, la belle logique que voilà ! Encore un effort, camarades de la sécurité routière. Avec un peu de persévérance, on finira bien par mettre un gendarme derrière chaque conducteur. La deuxième explication tient à ce que « les conducteurs se seraient ressaisis au cours de la dernière période ». Vraiment ? Et à quoi constate-t-on ou quantifie-t-on ce soi-disant « ressaisissement » qui aurait été aussi remarquable d’un mois à l’autre ? Comme si une éventuelle modification des comportements au volant répondait subitement à des mesures gouvernementales ponctuelles et non plus à des tendances lentes et lourdes ?

Mystère, mystère. Le délégué à la sécurité routière lui-même n’a pas résisté à la tentation de préciser que les conducteurs avaient « levé le pied ». Encore et toujours cette obsession de la vitesse comme cause quasi unique de mortalité routière, comme si l’alcool ou le téléphone au volant ne jouaient qu’un rôle subsidiaire. Pour les pouvoirs publics, en tout cas, la statistique est on ne peut plus éloquente : une recrudescence de la mortalité sur nos routes appelle l’installation de nouveaux radars ; une baisse de cette mortalité est la preuve du bien fondé de la multiplication des radars. CQFD.

Quand cessera-t-on de prendre les automobilistes pour des benêts ? Quand cessera-t-on de traiter la politique routière, comme le reste de nos politiques publiques, à coups de pub ou d’effet d’annonce ? Ce sont bien les questions qui méritent d’être posées.

Le buzz est entré dans la mentalité de ceux qui nous gouvernent. Que des fonctionnaires s’efforcent de défendre leurs intérêts corporatistes en soulignant à tout propos la pertinence de leur action, c’est après tout naturel. On n’est pourtant pas obligé de les suivre aveuglément. D’ailleurs, une association aussi reconnue que « 40 millions d’automobilistes » ne s’y trompe pas en faisant valoir, à juste raison, les particularités climatiques de ces derniers mois pour tenter un début d’explication rationnelle.

Que fait-on concrètement pour résorber ce fléau majeur qu’est l’alcool au volant, lequel vient de causer encore récemment plusieurs accidents meurtriers ? Et par résorber, il faut entendre non pas la répression bravache après coup mais des campagnes cohérentes et drastiques qui sensibilisent vraiment et dissuadent. Répétons-le, ce n’est pas en multipliant d’une manière autiste les radars qu’on résoudra l’équation de la mortalité routière.

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