mardi 26 février 2013

Radars : tout ça pour ça …


L’ennui avec les effets d’annonce c’est qu’on sait comment débute le film mais rarement comment il finit. Les pouvoirs publics ont cru faire un coup médiatique, en juin dernier, en décidant sur le vu de mauvais bilans routiers du retrait de tous les panneaux signalant un radar fixe. Un coup purement démagogique dans le droit fil de la fixation obsessionnelle de nos responsables sur la vitesse routière.

On sait quelles en furent les conséquences directes avec la première manifestation de grande ampleur de l’histoire des usagers de la route, le 18 juin : plusieurs dizaines de milliers de gens dans plus de 80 de nos villes – et pas seulement les « beaufs », les excités ou les chauffards – manifestant leur ras-le-bol contre les mesures tant ubuesques que spectaculairement répressives prises par le gouvernement.

Et tout cela pour aboutir à quoi ? A un consternant contre-feu échafaudé à la hâte par le ministre de l’intérieur et visant à installer des radars dits « pédagogiques ». Ah, la belle trouvaille ! Que n’y avait-on pas songé plus tôt ! Evidemment, on y décèle aussitôt un tout petit ennui en ces temps de vaches maigres et de déficits budgétaires abyssaux : son coût spécifique. Le ministre nous promet quelque 2 200 radars « pédagogiques » pour la seule année 2011. Or le coût d’installation d’un tel engin se situe entre 2 500 et 5 000 euros suivant la zone d’implantation et le type de radar. Aisée à calculer, l’addition totale s’élèvera donc à un montant de l’ordre de 5,5 – 11 millions d’euros. Un peu cher tout de même pour ce qui n’est qu’un expédient. Mais passons …

Passons également sur le fait qu’on aura attendu plus de huit ans après l’implantation des premiers radars pour faire de la pédagogie. Car ce que nous révèle en creux cette mesure, c’est qu’on a fait jusque-là de la répression tous azimuts sans se soucier le moins du monde de pédagogie. Après cela, la notion d’acceptabilité sociale appliquée à la sécurité routière ne peut être qu’une aimable plaisanterie.

On nous assure, en outre, que ces radars seront installés dans les « zones dangereuses » : ce qui laisse supposer a contrario que les radars déjà implantés ne le sont pas. La belle découverte, au demeurant ! Qui ne voit, qui ne sait depuis longtemps que les radars sont implantés de préférence dans les sites où il est aisé de faire avant tout « du chiffre » (axes autoroutiers, grandes lignes droites, etc) et non dans les sites connus pour leur dangerosité ou leur caractère accidentogène. Et qu’on aille après cela nous parler de sécurité routière alors que celle-ci n’est plus manifestement qu’un objectif de deuxième rang en comparaison de la rentabilité.

Ah oui, j’allais oublier, la fin de l’histoire. Car il y en a une mais passée à peu près inaperçue. Référons-nous à la fiche de synthèse adressée récemment par le ministère de l’intérieur aux préfets : « La dépose des panneaux sera réalisée de manière concomitante avec la mise en place des nouveaux radars pédagogiques ». Au même moment, les pouvoirs publics, qui voulaient supprimer purement et simplement les avertisseurs de radars, se résignaient à leur transformation en « avertisseurs de zones dangereuses ». Au-delà du jargon bureaucratique habituel, on pourrait traduire par : « comment faire passer la pilule ou faire avaler des couleuvres ».

Il est vrai qu’après avoir causé, sciemment, tout ce barouf, il convient à présent de déminer le terrain à un an de la présidentielle et des législatives. Déjà, les députés UMP – ceux qu’on rejette commodément dans la « droite populaire » que bien-pensants se retiennent pour ne pas qualifier de « populiste » – montent au créneau, passablement inquiets. Un mot vient instinctivement à l’esprit qui résumerait toute cette politique de gribouille : amateurisme.

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