mardi 26 février 2013

Vœux (suite)



Il est des prémonitions aussi saisissantes que faciles. Ici même, il y a quelques jours en présentant mes vœux, je m’étais pris à espérer que ceux-ci ne soient pas de l’utopie. Les pouvoirs publics se seront vite chargés d’apporter une réponse. Dans le train des hausses, classiques en début d’année, ils y ont ajouté un volet spécial pour la sécurité routière. Devant être adoptées dès cette semaine par décret, les nouvelles mesures sont évidemment un tour de vis supplémentaire pour les conducteurs.

Ces mesures auraient pu être prises il y a plusieurs mois, dans la foulée du débat sur Loppsi 2 (loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure) et, surtout, de la réunion du Comité interministériel de la sécurité routière, en mai dernier. Elles ne l’ont été que maintenant. Sans doute pour bien commencer l’année 2012 et, probablement aussi, pour marquer les esprits dans le contexte électoral qui s’ouvre.

Dans ces mesures, il y en a pour tout le monde : véhicules de tourisme, deux-roues et poids lourds. Il y en a aussi pour tous les goûts : du bon sens à l’effet d’annonce démagogique en passant par le pittoresque. Relevons d’abord le bien fondé de l’aggravation des sanctions en cas de conduite avec téléphone au volant. Il n’est que temps de briser ces habitudes aussi dangereuses qu’inciviques car elles mettent directement la vie d’autrui en danger. Il en coûtera désormais 135 euros d’amende et 3 points de retrait du permis. Les irréductibles auront tout de même une position de repli : l’utilisation du kit mains libres, qui n’est pas (encore) prohibé.

Plus singulière mais non moins justifiée est la répression liée au visionnage d’un film tout en conduisant (amende de 135 à 1500 euros, perte de 2 à 3 points et saisie de l’appareil fautif). Encore plus légitime est l’obligation faite désormais aux cars scolaires de s’équiper d’un système d’éthylotest antidémarrage : en priant pour que le système se généralise au plus vite aux véhicules de toutes catégories.

La mesure permettant désormais aux juges (administratifs, notamment) de pouvoir accéder au Fichier national des permis de conduire est déjà plus douteuse. Aura-t-elle une influence majeure sur les contentieux ? Sans doute pas. Compte tenu des (longs) délais de jugement, il est d’ores et déjà rarissime qu’un dossier en état d’être jugé devant le tribunal administratif ne comporte pas le relevé intégral d’information sur la situation du conducteur en cause.

Enfin, l’arrêt de mort des avertisseurs ne peut que faire sourire. Les équipementiers en ont pris leur parti depuis un certain temps, en trouvant d’ailleurs la parade : les anciens incitateurs au contournement de la loi se sont racheté une vertu en se transformant en « assistants d’aide à la conduite ». L’hypocrisie subsiste plus que jamais. Les systèmes en service permettent toujours de repérer les radars routiers. Simplement, les conducteurs ne sont plus autorisés à les activer. Il peut leur en coûter très cher : 1500 euros d’amende et 6 points de retraits. Mais d’ici à ce qu’ils se fassent prendre …

Dernière réflexion qui n’a rien à voir. Il y a quelques semaines, je m’étais interrogé naïvement sur le bien fondé d’une mesure municipale à Nice par laquelle une artère de 800 mètres environ était bloquée en sa partie médiane sur 150 mètres par la construction d’une piste cyclable. J’avais remarqué que le seul « intérêt » pour les responsables de la voirie locale était de supprimer une bonne vingtaine d’emplacements de stationnement en un endroit où n’existe aucun parking public. On connaît à présent le dénouement de l’histoire et ce n’est pas une happy end. Les édiles niçois viennent de faire installer sur cette voie des caméras de vidéo-surveillance pour traquer les automobilistes en double file. C’est cohérent même si de mauvais esprits pourraient appeler cela de la pure provocation …

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