mardi 26 février 2013

Sécurité routière : L’état de guerre


On le sentait venir depuis les chiffres calamiteux de la mortalité routière en ce début d’année. Ceux du mois avril auront été déterminants avec une hausse de 19,9%, soit 1 267 morts depuis le début de 2011.

Cette fois c’est la guerre avec les décisions draconiennes du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) du 11 mai. Le gouvernement a joué avec les symboles puisque ce jour-là était lancée la décennie mondiale d’action pour la sécurité routière (2011-2020). Il a aussi joué comme d’habitude – et comme il le fait couramment en matière sécuritaire – sur les effets d’annonce aussi faciles que spectaculaires.

Les faits laissent songeurs. Au cours de ces dernières semaines, que n’aura-t-on souligné les dangers du téléphone au volant (1 accident de la route sur 10) ou encore la question récurrente, à juste titre, de l’alcool au volant ; ou encore les échecs d’une pédagogie qui fait qu’aujourd’hui 94% des moins de 25 ans ne s’arrêtent pas au feu orange ! Moyennant quoi, la réponse gouvernementale par le biais du CISR a été imperturbable : répression accrue et, cette fois, tous azimuts, contre… la vitesse.

Non seulement les excès de vitesse de plus de 50 km/h seront désormais qualifiés, dès la première infraction, de délit. Mais les avertisseurs de radars, en ce qu’ils pourraient inciter à enfreindre les règles de sécurité, seront interdits. Pour faire bonne mesure, les panneaux indiquant la présence de radars fixes seront supprimés (certains l’ont été déjà) et les cartes d’implantation des radars ne seront plus rendues publiques.

Naturellement, les pouvoirs publics n’ont pas résisté à la tentation d’implanter de nouveaux radars : un millier de nouveaux radars devraient être déployés d’ici la fin de 2012 sans parler de la mise en service de radars mobiles de radars de nouvelle génération. Et c’est là où le bât blesse car, à l’appui de ses mesures, le gouvernement se fonde sur ses résultats passés comme sur ses perspectives de gains en vies humaines. Sur quelles bases avance-t-il un tel bilan ou de telles promesses ? Le CISR s’est bien gardé de nous le dire tout en nous assénant des chiffres invérifiables.

Une fois encore, on fait de la lutte contre la vitesse l’alpha et l’oméga de la sécurité routière. Il s’agit là de l’amplification et du détournement d’un problème réel à des fins purement politiques. Que n’écoute-t-on pas les sages préceptes du président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) Jean Todt qui ne passe pas précisément pour un fou du volant ? Non, la vitesse n’est pas tout et, en tout cas, ne doit pas devenir une fixation obsessionnelle. Se focaliser sur elle correspond à une vue à court terme sinon à une politique de gribouille. Il est vrai que c’est à la fois commode et … rentable. Ne vient-on pas d’annoncer que les radars automatiques ont généré l’an dernier 4,6 millions de PV ? Nous communiquera-t-on par la même occasion combien d’argent est venu remplir de ce fait les caisses de l’Etat ? Les dernières statistiques publiques faisaient état d’un montant total collecté par les radars de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Il est à parier qu’on doublera ce chiffre d’ici peu.

Comment l’automobiliste, tenu plus que jamais pour une vache à lait, pourrait-il croire un instant que les pouvoirs publics se préoccupent avant tout de sa sécurité ? Pour le moment, dans cette guerre qui s’est engagée, l’épée a repris le dessus sur le bouclier. Mais pour combien de temps ?

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