mardi 26 février 2013

Yes, We Cannabis



Paru il y a quelques semaines, ce titre, qui fait référence à la perspective prochaine de la légalisation du cannabis par l’Etat de Washington dans l’Ouest des Etats-Unis, est drôle comme souvent dans Libération. L’éditorial qui le suit est moins drôle en ce qu’il exhale un esprit platement post-soixante-huitard qui commence à sentir furieusement le rance. Moins drôle encore serait assurément l’hypothèse funeste que le fils, le frère ou le père de l’éditorialiste en question soit victime d’un accident de voiture causé par un automobiliste sous l’emprise du cannabis.
Et pourtant ! Le phénomène n’est déjà plus marginal. Même si les statistiques officielles tendent à minimiser le phénomène en focalisant les « vrais chauffards » que seraient les responsables d’excès de vitesse, la drogue au volant devient un fléau authentique. Un fléau qui ne cesse de se répandre d’année en année.

Voici donc à présent, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir qu’on se met en tête de dépénaliser le cannabis voire, à très court terme, d’aider à se shooter ceux qui seraient en manque … au nom de l’ordre public précise-t-on sans rire. Voici même que le ministre de l’éducation met la question à l’ordre du jour des écoles : histoire sans doute d’instaurer un débat sur lequel on ne doute pas qu’une écrasante majorité de jeunes se prononcerait en faveur de la diffusion de drogues dites douces. Le contraire serait étonnant compte tenu de l’effet de contagion ou de mimétisme qui est le propre de cette classe d’âge et, plus largement encore, du politiquement correct qui s’est emparé de la société tout entière. Etre contre le cannabis condamne à l’évidence son auteur à être catalogué comme un affreux réactionnaire attardé.

En a-t-on soupesé toutes les conséquences ? Sans doute pas tant avec ce gouvernement aussi amateur que « normal » qui n’a de cesse de dissimuler son manque d’imagination en matière économique et sociale derrière de mirobolantes « réformes sociétales ».

Un petit détail, entre autres conséquences, qui est purement factuel : la légalisation de fait ou de droit du cannabis entraînera fatalement une augmentation du nombre de consommateurs. Il augmentera tout aussi mécaniquement la proportion de conducteurs sous l’emprise de cannabis et partant, le nombre d’accidents de la route causés par ce fléau. Quant à l’Etat – celui qui prétend chez nous faire le bonheur des gens malgré eux quitte à leur faire fumer de l’herbe – ne sera-t-il pas quelque part responsable de ces accidents ? Ne devra-t-il pas endosser une certaine responsabilité juridique des victimes de la route causées par le cannabis ? Il sera instructif d’apprécier la réaction des tribunaux à cet égard.
Certains rétorqueront avec indignation que le problème est le même pour l’alcool, tant il est vrai que les médias ont souvent tendance à mélanger les deux catégories. Il existe cependant une différence cruciale : si la vente d’alcool est libre en France, l’Etat a néanmoins instauré une réglementation en vertu de laquelle, au-delà d’un certain seuil, la consommation d’alcool devient un délit dès lors que l’intéressé s’avise de prendre le volant. La responsabilité de l’Etat ne peut de ce fait se trouver engagée.

Tel n’est pas le cas avec le cannabis qui n’admet pas de seuil de tolérance. Dans la mesure où sa consommation deviendrait légale, elle ne serait pas incompatible, faute d’une réglementation appropriée dont personne ne parle (et dont on ne voit pas comment elle pourrait techniquement être instaurée), avec la conduite automobile. Dès lors, en cas d’accident, l’Etat serait bel et bien responsable faute d’avoir pris les mesures nécessaires.

Il serait paradoxal, dans ce si beau pays qui a fait du principe de précaution l’alibi majeur de tous ceux qui entendent se réfugier dans la frilosité, que ce même principe soit « oublié » dans un cas de figure singulièrement mortifère. Il est vrai qu’il est préférable de continuer à faire une fixation obsessionnelle sur la vitesse et les radars …

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