mardi 26 février 2013

Les faiseurs de miracle démasqués



Il n’était que temps ! Fin juin dernier, dans ma chronique intitulée « Croire au Père Noël », j’avais eu l’occasion de dénoncer ceux qui pervertissaient la profession d’avocat en laissant entrevoir monts et merveille aux automobilistes en détresse.

La perversion était triple. D’un côté, elle était tromperie inadmissible à l’égard des clients. Ainsi, comment qualifier l’assurance donnée aux automobilistes venant de perdre leur permis qu’il suffisait de produire une attestation dûment signée par leur avocat pour s’exonérer des contrôles de police ou de gendarmerie ? Les malheureux qui l’ont cru se sont retrouvés en garde à vue avec des poursuites pénales sur le dos. Il existe des expressions pour cela, « abus de la crédulité d’autrui » voire « escroquerie ». Beaucoup trop d’usagers dupés de bonne foi en ont fait malheureusement les frais.

D’un autre côté, le préjudice n’est pas moins été manifeste pour la profession d’avocat. La tentation reste forte pour certains de loger tous les avocats à la même enseigne et de ne pas chercher à distinguer, comme dans toute profession, le bon grain de l’ivraie. C’est pourquoi, plus vite la profession se séparera définitivement de ces brebis galeuses et mieux ce sera pour tout le monde. D’autant que d’autres dégâts considérables ont été causés entre-temps aux autres avocats spécialistes de droit routiers, scrupuleux quant à eux en matière de déontologie. En effet, plus ces avocats charlatans laissaient entrevoir des perspectives indubitablement mirifiques à leurs clients – le plus souvent contre honoraires payables d’avance et, si possible, en espèce – et plus les autres avocats éprouvaient des difficultés à faire admettre à leurs clients que tout n’était pas possible.

Espérons que la situation sera rapidement assainie. Tout le monde y gagnera assurément. Le droit routier offre encore de très belles perspectives pour les usagers de la route contestataires. Point n’est besoin cependant d’en rajouter à seule fin de « gagner des parts de marché » et il faut savoir raison -  sinon honnêteté – garder.

Au passage, il est d’ailleurs assez surprenant que la supercherie de cet avocat marron, qui se serait enfui aux Etats-Unis afin de se soustraire aux poursuites (ordinales sûrement, judiciaires sans doute), ne soit éventée qu’à présent. Le scandale couvait depuis fort longtemps. L’avocat en question avait déjà été condamné une première fois, en avril 2009, par la Cour d’appel de Paris, puis une seconde fois, en décembre 2010, par cette même juridiction. Il aura donc fallu plus de deux ans et demi pour que les agissements de cet avocat aient été mis à jour et pour que la presse fasse état d’une action intentée parle Conseil de l’Ordre. Combien de clients auront été grugés dans l’intervalle ?

Il est à espérer que ce fâcheux incident ne concerne qu’un individu isolé. On se prend déjà un peu moins à espérer lorsqu’on entend à la radio un autre de ces avocats faiseurs de miracles soutenir froidement qu’avec lui, un dossier de contentieux porté devant la juridiction administrative met environ trois mois à être jugé. Dans les tribunaux administratifs, on rit encore de ce soit disant « superman » qui flirte lui aussi dangereusement avec la ligne rouge sur le plan déontologique. On peut en rire effectivement. Tout comme on peut légitimement s’indigner de ce qui n’est, au fond, qu’une tromperie éhontée vis-à-vis d’automobilistes en difficulté.

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