mardi 26 février 2013

Démagogie à courte vue

Décidément, n’est pas Haussmann qui veut ! En plein milieu du XIXe siècle, alors que l’automobile au sens moderne n’était pas même encore inventée, le génial baron avait pressenti les problèmes de circulation qui ne manqueraient pas de se poser dans une grande cité comme Paris. Il avait donc fait percer au cœur de la « ville lumière » de grandes avenues qui font aujourd’hui encore l’admiration des Parisiens comme des touristes.

Disons-le franchement : cette faculté d’intuition, quand renvoie souvent à un simple bon sens, fait irrémédiablement défaut à nos responsables municipaux d’aujourd’hui, de quelque bord politique qu’ils se situent d’ailleurs. Leur préférence va à l’effet de mode, au politiquement correct plutôt qu’au courage qui consiste à affronter les vrais problèmes. En termes de politique de circulation urbaine, on le sait désormais, cette préférence revient à privilégier le vélo au détriment de l’automobile, ce monstre soi-disant responsable de tous les maux.

Le dernier exemple en date est la mise en œuvre du « tourner à droite » au bénéfice des vélos. Cette mesure, qui affecte déjà le Xe arrondissement de Paris avant d’être progressivement étendue, permet aux vélos de griller certains feux rouges à condition de tourner à droite. Cette mesure procède de la même logique que celle autorisant déjà les vélos à circuler à contresens, y compris dans des rues particulièrement étroites.

A-t-on bien mesuré les conséquences d’une telle démagogie qui n’a d’autre intérêt que de donner des gages aux écologistes ainsi qu’à la bien-pensance ? Il semble bien que non. Et pourtant, ces conséquences en sont plus que probables.

D’abord, il faut être bien naïf pour croire que les vélos vont se limiter à griller les feux rouges aux seuls endroits indiqués par des panneaux spécifiques. Une fois l’habitude prise de brûler un feu, les cyclistes grilleront bien vite systématiquement tous les feux rouges, y compris ceux ne comportant pas la signalisation autorisant à le faire : après tout, les cyclistes ne sont pas censés connaître le code de la route. Cela signifie que certains d’entre eux, fort de l’impunité qui leur est réservée, n’hésiteront pas bientôt à griller le feu rouge non seulement pour tourner à droite et même pour aller tout droit devant. En cas de heurt avec le véhicule qui sera, lui, passé au vert, l’automobiliste peut être certain que les torts seront de son côté : et ce, en vertu de la règle bien connue suivant laquelle le conducteur doit toujours conserver la maîtrise de leur véhicule …

En outre, les vélos étant autorisés à griller les feux rouges, il est plus que plausible que les motocyclettes puis les scooters voire les motos soient tentés d’en faire de même. Il semblerait également, dans l’aventure, qu’on ne se soit pas trop soucié des piétons. En effet, le vélo habitué à ne plus s’arrêter à quelque feu que ce soit prendra-t-il la peine de stopper à un passage pour piétons ? Encore une fois, au vu de l’expérience quotidienne, bien crédules seraient ceux qui se prendraient à le croire. Il est donc probable qu’on assistera à une recrudescence des accidents de piétons causés par les vélos et, plus généralement, par les deux-roues : et ce, même s’il est tout aussi probable que les statistiques seront trafiquées voire occulter afin de ne pas laisser place à certaines constatations bien dérangeantes.

Mais surtout, à multiplier de telles mesures, on habitue dangereusement les gens à l’idée d’un code à deux voire plusieurs vitesses. Supprimer une règle claire et unique s’appliquant à tout le monde est le moyen le plus sûr pour que les usagers ne s’y retrouvent plus et partant, ne respectent plus rien du tout. Il est vrai qu’une telle réflexion de simple bon sens est trop compliquée à assimiler pour ces brillants esprits dont la mission, sinon la vocation profonde, est de perturber à loisir la vie des gens. Sous prétexte de modernité et d’intérêt général, cela va de soi.

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