mardi 26 février 2013

Quand les pigeons agressent les pervenches



Querelle d’oiseaux ? Pas vraiment mais il fallait pourtant s’y attendre. Depuis une semaine, les contractuels de Grenoble sont en grève au regard de leur situation professionnelle au quotidien. Leurs homologues de Valence et de Bourges leur ont emboîté le pas et il est à gager que d’autres suivront bientôt.

La raison de ce mouvement ? La revendication d’une « prime de pénibilité », compte tenu des comportements agressifs et incivilités dont ils se disent victimes dans l’exercice de leurs fonctions de verbalisation : insultes, obscénités, menaces en tous genres (crachats, menaces par machettes ou armes blanches). Trop c’est trop et nos fonctionnaires municipaux exigent d’être rétribués en conséquence.

En l’état actuel des choses, les municipalités ne sont pas prêtes à faire droit à ce genre de réclamation. A Grenoble, l’équipe municipale prétend que cette « pénibilité » est déjà prise en compte dans l’échelle des salaires et des primes. D’ailleurs, il s’agit moins d’une « prime de pénibilité » qu’une « prime de risque ». En outre, ce risque n’est pas aussi récurrent qu’il n’y paraît si l’on considère que ce qui se trouve est en cause est la verbalisation pour stationnement illicite. Or, dans neuf cas sur dix, la verbalisation s’opère en l’absence du conducteur concerné. De plus, avec les nouveaux modes de verbalisation électronique, la confrontation directe entre verbalisateur et usager est appelée à se raréfier. Par conséquent, on peut estimer le phénomène marginal et c’est bien heureux.

Au-delà de l’aspect tragi-comique de cette revendication, à l’heure où notre société est confrontée à des problèmes autrement plus graves, il faut bien reconnaître que ce genre d’avanie était assez prévisible.

Certes, l’agression de fonctionnaires, quelle qu’en soit la forme, ne saurait en aucun cas se justifier. Pour autant, il faut bien comprendre également l’exaspération des automobilistes tenus pour des vaches à lait tout en étant traités de « dangers publics » sinon de « mauvais citoyens ». Une exaspération qui s’exerce tout autant envers les pouvoirs locaux (les amendes de stationnement sont engrangées par les municipalités) qu’envers l’Etat centralisé.

A force de se comporter comme si le problème n’existait pas et que l’impératif de la sécurité pouvait justifier n’importe quelle mesure répressive, on en arrive à l’essentiel : l’acceptabilité sociale de ces mesures.

Il est sympathique de prétendre changer les comportements des gens et de transformer les centre-ville en un tournemain. Toutefois, il arrive souvent qu’en procédant de la sorte, on nie certaines réalités élémentaires : ici, les automobilistes qui ne sont pas forcément des demeurés, des irresponsables ou des gens irascibles. L’agressivité n’est jamais bonne conseillère. Mais encore faut-il extirper le mal à la racine et faire comprendre aux élus qu’il n’est pas normal que l’impôt permanent pesant sur les automobilistes soit devenu une des variables d’ajustement des finances locales. En d’autres termes, pour ne pas être confronté à l’exaspération des automobilistes, il faut éviter de leur donner l’impression qu’ils sont constamment rackettés.

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