mardi 26 février 2013

La sécurité routière en campagne



Il faut s’y faire. Depuis l’abrogation de la tradition de l’amnistie présidentielle des infractions routières, la sécurité routière s’est invitée dans les campagnes présidentielles. Le thème n’est pas trop risqué, en vérité, tant il relève du politiquement correct. Demander aux électeurs s’ils souhaitent davantage de sécurité sur nos routes ? Cela revient un peu à leur demander s’ils préfèrent être en bonne santé.

 Pourtant, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions et le diable se cache précisément dans les détails de la mise en œuvre. Le dernier exemple date d’hier avec l’annonce par le président Sarkozy d’un éthylotest dans chaque voiture à partir du printemps 2012. Personne ne contestera que l’alcool au volant constitue un réel fléau qui est à l’origine d’un bon tiers des victimes de la route et fait notamment des ravages chez les jeunes. L’éthylotest obligatoire dans les véhicules est donc une bonne idée. Mais en apparence seulement.

Il suffit d’en évaluer quelques conséquences. Cette mesure ne permettra-t-elle pas aux cafetiers, restaurateurs et spécialistes du « monde de la nuit » de s’exonérer à bon compte de leurs responsabilités ? Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas tardé à se réjouir de la mesure, tout en précisant que 80% de la consommation d’alcool avait lieu en dehors des cafés, restaurants et discothèques. Le pourcentage reste à vérifier. Cependant, il ne faudrait pas que, sous prétexte d’éthylotest individuel obligatoire, ces professionnels s’affranchissent de leur responsabilité propre s’ils s’avisaient de faire prévaloir la rentabilité de leur business au détriment de la santé des consommateurs. Un tel affranchissement serait d’autant plus aisé que, depuis aujourd’hui, les discothèques doivent être équipées de dispositifs en libre service permettant le dépistage de l’imprégnation alcoolique.

Il y a pire dans le genre. Si l’on voit bien l’intérêt de l’obligation pour chaque conducteur d’être muni d’un triangle rouge et d’un gilet jaune de sécurité, on discerne à peine l’intérêt de l’éthylotest obligatoire. Croit-on vraiment que les conducteurs éméchés, devenant ipso facto irresponsables dans leur comportement au point de ne plus pouvoir identifier un seuil de dangerosité, prendront la précaution de vérifier leur taux d’alcoolémie, la nuit à la sortie d’une boîte, avant de démarrer? Il est probable que l’éthylotest ne touchera qu’une fraction marginale de conducteurs concernés par l’alcool, même s’il est vrai que le fait de sauver quelques vies n’est pas en soi négligeable.

La véritable avancée décisive en matière d’alcool au volant consisterait à favoriser et même à imposer les techniques d’intégration de l’éthylotest au système de démarrage du véhicule. Mais ce n’est malheureusement pas pour demain. Pour la prochaine élection, peut-être ?

En attendant, il n’y a pas de petits profits. Dans une même volonté d’annonce, le président Sarkozy a annoncé le déploiement de 400 nouveaux radars fixes d’ici la fin 2012, outre les 2080 radars installés à ce jour. Pourquoi perdre les bonnes habitudes ? On vient juste de découvrir que les radars rapportent 20% de plus (520 millions d’euros en 2011) que prévu …

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