mardi 26 février 2013

La mode automne-hiver



Faute d’être souhaitable, la dérive semblait inévitable. Le droit routier connaît aujourd’hui une vogue indéniable, au fil des retraits de points, sanctions diverses et pertes de permis dont sont victimes nos concitoyens dans une proportion croissante. Un tel intérêt devait fatalement déboucher sur des effets de mode dont certains apparaissent pour le moins singuliers.

Quelle sera ainsi la mode automne-hiver pour 2011-2012 ? La tendance est nettement à l’acquisition de permis de conduire étrangers. Qui n’a désormais sa « combine » pour se procurer un titre de conduite en provenance de Côte d’Ivoire, de Lettonie ou encore d’Ouzbékistan ? Certes, au moins sera-ce une façon pour nos compatriotes d’apprendre leur géographie … C’est le bon côté des choses, mais il y en a de moins bons. Il existe d’ores et déjà de véritables filières, appelées sans doute à se démultiplier, qui organisent ce genre de trafic. Coût moyen de cette prestation : entre 5 000 et 8 000 euros.

Il est vrai qu’un tel sésame n’a pas de prix dès lors que son capital de points fond comme neige au soleil et que le spectre de l’invalidation menace. Un exotisme inédit guette désormais les autoroutes et chemins vicinaux de l’hexagone avec des conducteurs bourguignons à moitié sénégalais, des provençaux semi lituaniens ou des alsaciens d’affinité albanaise, à en croire leur permis de conduire.

Plus de points perdus ! Plus de permis invalidé ! La solution miracle, Noël pour tout le monde ! Roulez jeunesse, à votre tour, bonnes gens de la maréchaussée, de circuler parce qu’il n’y a rien à voir. Rien à voir, vraiment ? Il ne faut pas prendre les représentants de l’ordre pour des gens stupides. A ce genre de parade des automobilistes, ils se préparent depuis longtemps et ont déjà envisagé des contre-mesures efficaces. Ce n’est en fait qu’une question de légalité.

Contrairement à ce qu’on cherche à vous faire croire, ce n’est pas parce que vous circulez avec un permis ivoirien, par exemple, que vous bénéficierez instantanément et miraculeusement de l’impunité. D’abord, parce que les systèmes informatiques vous identifieront immédiatement comme un conducteur français voire, éventuellement, comme un conducteur roulant sans permis. Ensuite, une chose est de posséder un titre de conduite étranger et une autre chose est d’être habilité à s’en prévaloir légalement : ce qu’en général les filières susdites omettent soigneusement de préciser. Il faut pour cela qu’existent des accords bilatéraux, prévoyant ce type d’échange, entre la France et l’Etat étranger dont il s’agit. Il faut surtout que soient réunies certaines conditions précises.

D’une manière générale, la binationalité n’est pas forcément requise pour détenir un permis étranger. Néanmoins, il y a des conditions, dont celles se rapportant à la résidence, qu’il n’est pas facile de réunir : sauf à entrer dans une logique de falsification qui peut s’avérer très grave pénalement – autrement plus grave que la simple annulation d’un permis de conduire – et doit être déconseillée de toute urgence.

En d’autres termes, il importe de ne pas remettre son sort d’automobiliste entre les mains de charlatans ou de faiseurs de miracles. Le prétendu remède peut s’avérer beaucoup plus dangereux et néfaste que le mal. Et, surtout, incomparablement plus coûteux. Nous reviendrons ultérieurement sur cette tendance qui pourrait bien se prolonger sur la prochaine période printemps-été…

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