lundi 25 février 2013

Vous avez dit assouplissement ?



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Réformes en cours sur le permis à point

Sur nos routes aussi, plus ça change et plus c’est la même chose avec l’assouplissement du permis à points.
Même si sa portée apparaît limitée, cet assouplissement était attendu et espéré par les usagers de la route. Sans doute l’automatisme aveugle du système du retrait de points – qui n’a d’égal que l’autisme de ceux qui le mettent en œuvre ou le soutiennent – était-il devenu insupportable. Il a néanmoins fallu que les parlementaires – forcément plus sensibles à leurs électeurs, qui sont aussi pour la plupart des automobilistes, que les ministres – pèsent de tout leur poids pour arracher à un gouvernement réticent de telles concessions.
Mais les usagers de la route auraient tort de crier victoire trop tôt. Il est probable que la réformette du permis à points qui vient d’être décidée passera au tamis des élections de 2012. Ce n’est pas une question vraiment partisane même si la gauche socialiste, aiguillonnée par les écologistes, est en général plus agressive envers l’automobile (sauf peut-être lorsqu’il s’agit de préserver des emplois) que la droite.
C’est surtout une question de politiquement correct. L’automobiliste a toujours mauvaise presse en France de même qu’ont mauvaise réputation, pour des motifs tout aussi passionnels, les secteurs du nucléaire et de la santé. Il y persiste aujourd’hui une sorte de non-dit tendant à imputer une bonne part des maux de notre société aux usagers de la route. Appuyé sur une idéologie post-soixante-huitarde glorifiant l’authenticité terrienne et une soi-disant stabilité passée au détriment d’un modernisme réputé dévastateur, ce politiquement correct transcende nos partis politiques. Quoiqu’il advienne dans les urnes, l’an prochain, lui au moins est à peu près certain de ne pas en ressortir perdant.
C’est pourquoi on serait mal inspiré de se réjouir trop bruyamment d’un assouplissement du permis à points qui est loin d’être irréversible. Il est fort à parier que la question reviendra sur le tapis dès la rentrée de 2012. Les arguments sont déjà prêts : à savoir la recrudescence de la mortalité routière, qui a déjà été constatée pour les deux premiers mois de cette année. Les partisans du rigorisme routier y voient déjà les conséquences néfastes de l’assouplissement, même si ce dernier n’était pas encore entré en vigueur en janvier et février 2011.
Il faut également tabler avec ces stratégies urbaines qui visent toutes, plus ou moins, à bouter l’automobile hors de la cité et notamment des centres-villes. La plupart des grandes agglomérations sont concernées par le mouvement mais la vitrine reste Paris. Et ce qu’on voit ou pressent dans la capitale n’est guère encourageant.
A peine entériné le principe d’une augmentation des amendes de stationnement sur le territoire national (voir chronique du 6 mars 2011) le Conseil de Paris se prononce en effet, à l’horizon de juin prochain, en faveur d’une extension de la zone de stationnement à 3,60 euros l’heure aux sept premiers arrondissements et au nord-est du XVIe. L’objectif en ce domaine a été décliné sans complexe par l’adjointe PS chargée des transports, Annick Lepetit : obliger la voiture individuelle à stationner dans les parkings en sous-sol et réserver, d’ici 10 à 15 ans, le stationnement de surface aux « services » (aides à domicile, kinésithérapeutes, infirmières, livraisons à domicile).
Outre le fait que l’automobile est tenue clairement pour une maladie honteuse qu’il faut dissimuler à toute force, qui ne voit que les capacités actuelles en matière de parking (146 parkings publics à Paris aujourd’hui) sont notoirement insuffisantes ? La municipalité compte-t-elle y remédier ? Mme Lepetit annonce fièrement la construction de 2 nouveaux parkings au cours de la mandature 2008-2014. On croit rêver, alors que se profilent de nouvelles « conquêtes populaires » : l’élargissement systématique des trottoirs, au regard de la priorité croissante à donner aux piétons, l’instauration de péages sur les autoroutes franciliennes, la mise en service d’ « autolib » (qui devrait neutraliser quelque 3000 emplacements supplémentaires de stationnement). Sans parler de la fermeture annoncée des voies sur berge, sur laquelle nous reviendrons. Comme si, par toutes ces mesures draconiennes, on cherchait à provoquer une thrombose qu’on ne manquera pas d’imputer, comme d’habitude, à l’automobile.
Bonne nouvelle, tient tout de même à préciser la frange optimiste de nos médias : le stationnement dans la capitale pourra désormais être payé par carte bancaire. Ouf, il était temps ! Il est clair qu’on s’ébroue de plaisir …

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