mardi 26 février 2013

Sous les pavés … la contredanse


La mauvaise nouvelle avait pourtant été annoncée d’assez longue date. Au terme d’une assez brève période de débats, comme c’est habituellement le cas pour tout ce qui concerne la circulation routière, la cause semblait entendue. Il semble pourtant que non et que ladite cause ait été peu entendue, ou mal entendue, ou encore entendue d’une manière très peu conformiste.

Courageux mais pas téméraire, les pouvoirs publics ont choisi la méthode dite « douce » – des esprits pudiques diraient « indolore » – pour frapper l’automobiliste : les vacances estivales. Pendant que vous bronzez paisiblement sur les plages, braves gens, pas d’inquiétude. L’Etat s’occupe de votre portefeuille pour la rentrée.

Au fait, pourquoi le 1er août alors que les mauvaises nouvelles (hausses de tarifs) s’annoncent généralement le 1er juillet ? Délai de grâce supplémentaire consenti aux infractionnistes du stationnement ? Peu probable. Délai donné aux contractuels pour s’habituer au nouveau régime ? Tout aussi peu imaginable car les nouveaux tarifs ne vont en rien changer leur manière de faire qui est devenue mécanique, automatisée, informatisée. Sans compter que les contractuels sont eux aussi en congé en août.

Dès lors demeure une seule hypothèse crédible : celle d’une mesure qui se veut furtive, presque invisible, tout en mettant chacun devant le fait accompli. En vérité, il s’agit beaucoup moins d’une méthode douce qu’une manière de faire « en douce ». Encore une fois, pourquoi agir d’une façon aussi chafouine ? Peut-être parce que cette nouvelle mesure répressive risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et en année électorale, la grogne (pas de crainte, l’automobiliste n’est ni un révolutionnaire ni même un révolté) est mauvaise conseillère.

L’automobiliste a eu son comptant d’augmentations depuis le début de l’année : essence, primes d’assurance, péages autoroutiers, recrudescence des amendes (aggravées par des retraits de points avec parfois, à la clef, la nécessité d’effectuer un stage à 240 euros) ce qui équivaut à une nouvelle taxe. Cela commence à faire beaucoup. Et cette fois, il est difficile de faire passer la pilule en emballant l’augmentation du coût du stationnement dans une perspective d’amélioration de la sécurité routière.
Du point de vue des intéressés, l’augmentation du coût du stationnement sera perçu pour ce qu’il est : une brimade supplémentaire qui s’ajoutera, dans les grandes villes, à l’arsenal répressif déjà en place.

Prenons le cas d’une ville comme Paris dont la municipalité avoue elle-même faire de tout pour brimer la circulation automobile. En attendant la fermeture définitive des voies sur berge de la Seine à la circulation routière, nos édiles multiplient les neutralisations d’emplacement de stationnement. Tous les prétextes sont bons pour ce faire : soi-disant protection de l’environnement, mise en place prochaine d’Autolib (qui va confisquer 3 000 places de stationnement dans Paris intra muros), encouragement à la « mobilité douce », etc.

D’une manière mécanique, puisque les transports publics restent notoirement très insuffisants, une fraction importante de conducteurs franciliens en seront réduits à stationner d’une manière illicite : ce qui aura pour conséquence d’abonder les caisses de nos municipalités (à Paris, pour compenser le coût financièrement surréaliste de Paris Plage, nuits blanches et autres fadaises dites ludiques …) en s’entourant du prétexte du soi-disant incivisme de ces conducteurs inconscients et égoïstes qui se garent n’importe où.

Gageons qu’on n’en sortira pas de sitôt. En mai 68, un des slogans vedettes était « sous les pavés … la plage ». Peu s’en souviennent encore mais ils pourraient aussi se souvenir d’un autre slogan, encore plus utile dans la période actuelle, compte tenu de la médiocrité consternante des responsables municipaux : « L’imagination au pouvoir …»

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