dimanche 5 juillet 2015

L’Etat et l’oreille de l’automobiliste.



L’interdiction de l’oreillette et du kit main libre au volant présente un caractère drastique. Reste à savoir si elle sera vraiment suivie d’effet.

Non ce n’est pas une histoire de taureau ou de corrida, même si l’on parle d’oreille. L’avant-dernière tolérance – la toute dernière étant le système Bluetooth embarqué dans la voiture – sur le téléphone au volant vient donc de voler en éclats depuis le 1er juillet 2015.

Il faudra donc s'y faire avec l’évolution de la réglementation et, notamment, avec l'article R.412-6-1 du Code de la route qui interdit désormais le port à l'oreille, par le conducteur d'un véhicule en circulation, de tout dispositif susceptible d'émettre du son, à l'exception des appareils électroniques correcteurs de surdité.

Cela signifie très clairement la fin de tout dispositif de type "kit mains libres" ou oreillette. En l’état actuel des choses seuls restent autorisés, l'usage du haut-parleur du téléphone ou les dispositifs Bluetooth intégrés au véhicule ou supportés par un des éléments de l'habitacle comme le pare-soleil. Même dans ces hypothèses, la manipulation manuelle du téléphone reste prohibée.

S’agissant des conducteurs de deux-roues motorisés, seul sont autorisés les systèmes intercom Bluetooth avec un dispositif d'écouteurs logés dans le casque, à l’exclusion de toute autre pratique du genre : téléphone logé entre l'oreille et le casque ou oreillettes. Il en va de même pour les cyclistes, sauf ceux munis d’un casque intercom.

Enfreindre ces dispositions exposera son auteur à une amende de 135 euros et au retrait de 3 points du permis. Et il ne sera d’aucune utilité, en cas d’interpellation par les forces de l’ordre, de se retrancher derrière l’argument suivant lequel l'oreillette fautive ne servait pas à téléphoner mais seulement à écouter de la musique. En un mot comme en cent, le Bluetooth restera l’ultime parade pour les forcenés du téléphone.

Certes, la règle est limpide mais qu’en restera-t-il dans la pratique ? En ce qui concerne les cyclistes, il est fort à parier que le port des oreillettes de cessera pas de sitôt. En effet, les pouvoirs publics ont tellement habitué les vélos à s’affranchir de la règle commune du code de la route que ceux-ci ne comprendront pas pourquoi ils devraient être astreints aux mêmes règles que les automobilistes. Et pourtant, l’oreillette est beaucoup plus dangereuse pour un conducteur de vélo que pour un automobiliste.

Quant à la voiture, il est douteux que les accros au portable et les addicts aux SMS se résignent aussi spontanément au régime sec. Et ce, d’autant plus qu’ils seront enclins à voir dans la nouvelle mesure une discrimination insupportable par rapport aux détenteurs du système Bluetooth.

Du reste, si les pouvoirs publics étaient logiques avec eux-mêmes, ne devraient-ils pas désormais interdire aux constructeurs la mise sur le marché de véhicules dotés d’un tel système ? Gageons qu’ils n’iront pas jusque-là et que le téléphone au volant gardera encore de beaux jours. A la différence de la corrida, pour avoir ainsi gagné l’oreille de l’automobiliste, l’Etat n’aura pas pour autant avoir obtenu sa mise à mort…

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