Pas de stress inutile lors d'une interpellation, surtout si vous n'avez rien à vous reprocher. Ce que prétendent les forces de l'ordre n'est pas forcément vérité d'évangile.
Il serait vraiment
regrettable que les forces de l’ordre qui ont connu, et c’est justice, leur
heure de noblesse le 14 janvier dernier, se laissent glisser dans des travers consternants
par des « fiers-à-bras » débiles qui n’hésitent pas à abuser de leur
pouvoir.
La scène se passe à
Megève en plein après-midi. Un 4 x 4 roule tranquillement dans le centre-ville
et s’apprête à stationner. Déjà, les passagers du véhicule ont décroché leur
ceinture de sécurité en prévision de l’arrêt. Un ultime feu rouge et là, c’est
le psychodrame. Un gendarme surgit, frappe de son poing le pare-brise du
véhicule et enjoint le conducteur de s’arrêter … comme si d’ailleurs ce n’était
déjà fait, le véhicule étant immobilisé par le feu rouge.
Tout à son agressivité
vengeresse, ledit gendarme ne perdit pas de temps à saluer les automobilistes,
comme c’est pourtant l’usage élémentaire de courtoisie, et se mit à menacer avec véhémence
le conducteur du véhicule un peu interloqué. D’aucuns, observant la scène de loin, auraient pu croire à
l’heureuse interpellation sur la voie publique de quelque terroriste islamique ou
autre individu recherché, mais non ! Il ne s’agissait que d’honnêtes
citoyens, ne se signalant ni par un comportement inapproprié ni par quelque
dérapage verbal répréhensible. Des citoyens respectueux de l'ordre et de ses représentants, le conducteur étant même un guide chamoniard de haute
montagne unanimement respecté par le PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne).
Alors pourquoi de telles
menaces ? Tout simplement parce que les trois passagers du véhicule avaient décroché leur ceinture de sécurité quelques secondes avant le
moment où ils auraient dû le faire. Au-delà du caractère vétilleux et presque
comique du procédé, quasiment tiré d’une scène de Louis de Funès, on pourrait en
déduire, le sourire aux lèvres : bon, mais après tout la loi c’est la loi
et ce gendarme – fût-il adepte du rendement ou, plus sûrement, du traditionnel « je
ne veux rien savoir » - n’aura fait
que l’appliquer. Soit ! Mais à supposer même qu’il fût là pour faire
respecter la loi, justement, la suite aurait tôt fait de nous convaincre que ce
représentant de la maréchaussée n’en avait lui-même qu’une connaissance passablement
approximative.
En effet, le gendarme
menaça le conducteur, qui avait conservé sa ceinture attachée, à la différence
de ses passagers, de lui infliger une amende de 750 euros (contravention de 4ème
classe) et de 3 points de permis pour chacun des trois passagers fautifs :
soit au total une amende de 2 250 euros et un retrait de 9 points ! Sur
ce, le représentant de l’ordre releva le numéro de plaque minéralogique du
véhicule et disparut avant même que le moindre dialogue pût s’engager.
La leçon de cette
mésaventure est tout de même cocasse car, en réalité, le conducteur du véhicule
incriminé ne risque strictement rien. Soit le gendarme a voulu
jouer les « durs » et les « justiciers » - ce qui n’est pas tout
à fait sa mission - soit il ignorait la loi et en l'espèce les modalités d'application de l'article R. 412-1 du Code de la route - ce qui est déjà plus gênant - soit
encore il ne se trouvait pas dans son état normal. Toujours est-il que la règle
est la suivante : le propriétaire ou le conducteur d’un véhicule ne peut
être tenu responsable pécuniairement d’infractions commises par ses passagers
(sauf si ceux-ci sont mineurs, ce qui n’était pas le cas) ; en outre,
aucune faute ne pouvant lui être personnellement reprochée, il ne se verra bien
évidemment retirer aucun point de permis.
Au demeurant, même si,
par extraordinaire, le conducteur était passible d’un retrait de points, viendrait
alors à s’appliquer la règle des « deux tiers » : pour une
même infraction, il ne pourrait perdre de points que dans la limite des deux
tiers de son quota de points (donc 8 au maximum). En tout état de cause, il est tout bonnement impossible qu'un conducteur se voie infliger un retrait de 9 points d’un bloc.
En conclusion, il est à
espérer que le gendarme de l’histoire, lorsqu’il enfourche sa moto, ait une
connaissance moins floue du code de la route. Il en va, en effet, de la sécurité d'autrui. Il est également à espérer qu'un tel comportement d'un représentant de l'ordre ne soit que marginal, ce qui est heureusement plus que probable.
Le problème, on ne le
répétera jamais assez, est que, sous couvert d’efficacité, l’instauration d'une automatisation de
la sanction aboutit à déconnecter celle-ci de la commission, réelle ou supposée de l’infraction : en sorte qu’il devient plus difficile de contester, ce qui est sans doute le
but recherché par l’administration. Souhaitons en tout cas que, dans
son rapport qui donnera lieu à un avis de contravention automatisé que
l’intéressé recevra à son domicile, le gendarme retrace l’exacte vérité des
faits et ne la modifie pas a posteriori au gré de son humeur, fort de ce que sa
parole d’assermenté compte davantage que celle des gens qu’il verbalise.
Par bonheur, dans notre cas de figure, il y avait des témoins fiables et
impartiaux. Ceci est crucial au moment de passer devant le juge, dès lors que le
spectre de la mauvaise foi risque de biaiser le débat.
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